Blanc.hes, Noir.es
Dans cet outil, nous faisons références à certaines catégories, et notamment celles des personnes blanches et des personnes noires. Des termes qui renvoient instinctivement à une couleur et, surtout, qui suscitent généralement des craintes sur l’essentialisation de ces catégories.
Lorsque nous parlons de Noir
e s ou de Blanc he s, nous ne faisons jamais référence à une quelconque réalité biologique ou naturelle, ni à l’existence de différentes races. Les enfants vous le diront mieux que nous : les Blanc he s ne sont pas blanc he s, mais roses, beiges ou jaunes clair, tandis que les Noir.es sont plutôt brun foncé ou brun clair.Ces catégories sociales sont à comprendre sous un angle sociologique : elles renvoient à des constructions historiques qui influencent encore aujourd’hui sur la position sociale occupée par les individus selon leur assignation à tel ou tel groupe. Ces catégories ne sont donc pas naturelles, elles sont politiquement construites et évoluent dans le temps et dans l’espace.
Par exemple, une personne musulmane claire de peau qui ôte son foulard pour travailler au guichet d’une administration publique sera perçue différemment lorsqu’elle quittera le travail et replacera son foulard. La manière dont elle est perçue, les imaginaires dont elle est l’objet, sa manière de se mouvoir dans la société – bref, son vécu au quotidien – sont tout à fait différents selon qu’elle porte son foulard ou ne le porte pas. Ainsi, être perçu.e comme Blanc
he ou Noir e renvoie à des questions de pouvoir, à la position sociale que l’on occupe, et à la manière dont cette position impacte notre vécu.Cette approche n’est pas sans poser quelques problèmes qui ont été soulevés par le groupe de volontaires. Par exemple, comment se positionner en tant que personne métisse dans cette binarité Blanc / Noir ? De même, comment rendre compte de toute la diversité qui peut exister au sein même de la catégorie des personnes blanches ou des personnes noires ? Comment éviter l’écueil de l’essentialisation ? Au sein de ces groupes, certaines personnes sont riches, d’autres en situation de précarité. Certaines sont en situation de handicap, d’autre non. Les individus qui composent ces groupes sont divers de par leur genre, leur orientation sexuelle, leurs centres d’intérêt, leur situation familiale, leur lieu de vie, etc... Une infinité d’identités qui, elles aussi, évoluent et impactent le vécu social.
Notre objectif n’est absolument pas d’enfermer les individus dans des groupes raciaux essentialisés sur base d’une couleur de peau, d’une culture ou d’une religion, mais bien de questionner l’impact de ces marqueurs sur le vécu social des gens. Pour cela, il s’agit dans un premier temps d’isoler ces marqueurs en particulier, avant de pouvoir complexifier le réel par la suite.