Racisme à l’Ecole : comprendre pour agir

Fragilité blanche

Les personnes blanches ne sont pas structurellement confrontées aux violences racistes. Elles peuvent vivre leur vie sans considérer que le racisme ou la race les concerne. Elles ne risquent pas de se voir régulièrement discriminées à l’embauche ou contrôlées par la police en raison de leur couleur de peau. Elles peuvent se penser comme absolument non racistes, tout en faisant partie du système raciste et en en retirant des avantages. Tout cela, elles ont le luxe de pouvoir l’ignorer. Et de pouvoir l’ignorer collectivement. Nous pouvons appeler cela le confort de l’ignorance.

Que se passe-t-il lorsqu’elles sont confrontées à cette ignorance ? Lorsqu’elles sont interpellées sur le caractère raciste de certains de leurs propos, réflexes ou attitudes ? Comment réagissent-elles lorsqu’elles sont renvoyées à leur blanchité ?

Presque systématiquement, lorsque les personnes blanches se retrouvent dans une situation d’inconfort racial, cela suscite des réactions émotionnelles très intenses : du stress, de la colère, de l’indignation, de la surprise, de la peur, de la tristesse, de la culpabilité, ... Fortement imprégnées par la perception morale du racisme (le racisme, c’est mal), elles prennent ces interpellations comme une forme d’attaque personnelle, comme une remise en cause de leur intégrité morale. De ces émotions vont découler des réactions très prévisibles qui ont pour objectif de rétablir une situation confortable dans laquelle elles ne sont plus mises en cause : nier, relativiser, minimiser, justifier, trouver une autre explication, se victimiser, ... Cet ensemble d’émotions, décrit par Robin Di Angelo, peut être repris sous le vocable de « fragilité blanche ».

Au final, ces réactions et émotions ont une fonction sociale puissante : rétablir le statu quo en balayant l’interpellation de départ. Et sur le plan individuel, elles vivent à rétablir une situation confortable pour les personnes blanches, tout en produisant une nouvelle violence pour les personnes racisées qui osent dénoncer le racisme qu’elles subissent.