Idéologie Colorblind
Nous le savons depuis longtemps : les races n’ont aucun fondement biologique. Il n’y a qu’une seule race, la race humaine. De ce constat découle ce que l’on nomme les discours ou l’idéologie colorblind (littéralement l’aveuglement à la couleur), qui désigne « un idéal (ou une idéologie) selon le(la)quel(le) cette dernière [la race] ne jouerait pas (ou plus) de rôle structurant dans l’organisation de notre société ».
Ces discours se manifestent dans des phrases telles que « Pour moi, la couleur des gens n’est pas importante, ce sont les valeurs. » ; « Ça n’a pas d’importance pour moi d’être noire ou blanche, ce sont les compétences qui comptent. » ; « La couleur des gens n’a aucune importance, je ne la vois même pas, ça n’a aucune influence sur la manière dont je vais les voir ou agir avec eux. » ; etc.
Selon les tenants de cette idéologie, s’il existe encore aujourd’hui des violences et inégalités à caractère raciste, celles-ci s’expliqueraient principalement de deux manières :
• D’une part, elles sont le fait de certains individus racistes, déviants voire malades mentalement ;
• D’autre part, elles s’expliqueraient par d’autres facteurs que la race, et en particulier par des considérations de classe (« le vrai problème, c’est le néolibéralisme qui cause de la précarité, et donc le besoin d’un bouc-émissaire »), culturelles (« ça n’a rien à voir avec le fait qu’il ou elle soit Noir.e, mais ce sont des cultures différentes et c’est parfois compliqué du coup de s’intégrer dans une équipe »), le genre de la personne ou encore par tout autre facteur de différenciation (« C’est certainement qu’il aime ramasser les déchets et courir après un camion, rien à voir avec la racialisation du marché de l’emploi »).
Or, ce n’est pas parce qu’un concept – la race – est disqualifié sur le plan biologique qu’ilne continue de produire des effets dans le monde social (voir race et racialisation). Les discours colorblind sont donc une manière d’invisibiliser les violences et discriminations structurelles subies par les personnes qui subissent le racisme.