
Tu es quand même jolie...
Résumé : L’animalisation et la sexualisation des corps noirs résultent des imaginaires de l’époque coloniale. Ces imaginaires créent encore aujourd’hui de nombreuses micro-violences, doublement violentes lorsqu’elles sont renforcées par le déni et l’idéologie « colorblind ».
Rappel des balises à avoir en tête : 1/ ne jamais déconnecter le racisme de l’histoire qui l’a vu émerger, évoluer et s’adapter, 2/ l’école n’est pas une bulle située en dehors de la société, il importe donc de prendre en compte le contexte social pour analyser ce qui se passe à l’école, 3/ dans cette situation, il faut constamment se demander qui parle, de qui et depuis quelle position, et enfin 4/ il est essentiel de garder en tête les impacts du racisme sur les vécus, émotions et ressentis individuels.
Résumé : L’animalisation et la sexualisation des corps noirs résultent des imaginaires de l’époque coloniale. Ces imaginaires créent encore aujourd’hui de nombreuses micro-violences, doublement violentes lorsqu’elles sont renforcées par le déni et l’idéologie « colorblind ».
Rappel des balises à avoir en tête : 1/ ne jamais déconnecter le racisme de l’histoire qui l’a vu émerger, évoluer et s’adapter, 2/ l’école n’est pas une bulle située en dehors de la société, il importe donc de prendre en compte le contexte social pour analyser ce qui se passe à l’école, 3/ dans cette situation, il faut constamment se demander qui parle, de qui et depuis quelle position, et enfin 4/ il est essentiel de garder en tête les impacts du racisme sur les vécus, émotions et ressentis individuels.
Situation
Dans une classe de deuxième humanité, une élève afro-descendante s’entend dire de la part d’une camarade de : « T’es quand même jolie pour une Noire ». Elle en rigole sur le moment car elle trouve la remarque idiote. Plus tard, lorsqu’elle y repense, elle se sent peinée. Et lorsqu’elle se confie à son éducatrice, cette dernière lui répond de ne pas y faire attention : « c’était certainement de l’humour ! N’y prête pas attention, ce n’est pas si grave ! ».
Analyse de la situation
Durant la période esclavagiste et coloniale, les corps des Afro-descendant
La blancheur, symbole pureté, de beauté et d’innocence, s’est construite sur ces imaginaires déshumanisant associant les corps noirs à la saleté, la laideur, la violence, la vie sauvage. A l’époque coloniale, la texture des cheveux et la couleur de peau constituaient ainsi d’importants marqueurs pour racialiser les populations colonisées.
Saartjie Baartman, dite la « Vénus Noire » ou « Vénus Hottentote », exposée lors d’évènements divers, a largement fait les frais de ce couple érotisme / répulsion de la part des Blancs de l’époque. Son anatomie fut analysée par de nombreux anatomistes, principalement zoologues. Le film « Vénus noire », d’Abdellatif Kechiche, sorti en 2009, retrace cette histoire violente.
Dans ce cas-ci, la réponse de l’enseignante tendant à relativiser cette remarque illustre l’idéologie colorblind : toute cette histoire et toutes les traces qu’elle a laissées aujourd’hui sont mises de côté. Pourtant, ces imaginaires historiquement construits continuent aujourd’hui d’impacter de manière dramatique la vie des personnes afro-descendantes, par exemple en ce qui concerne les normes de beauté.
Le conte pour enfants Dina et le prince montre une jeune fille blanche aux cheveux lisses qui, suite à un « mauvais sort », « perd sa beauté » lorsque sa peau devient noire et ses cheveux frisés. Imagine-t-on un instant l’impact sur des enfants en construction identitaire ? Cette vidéo sera finalement retirée.
La question des cheveux illustre bien ce continuum colonial. Depuis les années 1960 (d’abord aux Etats-Unis puis dans le reste du monde), des femmes et hommes Afro-descendantune foule de critiques et d’insultes lorsqu’elle s’affiche les cheveux non-défrisés.
e s affichent des cheveux au naturel, sans défrisage, pour élargir les codes de la beauté et pousser à la décentration d’une beauté exclusivement blanche et lisse. Cela n’a pas empêché Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement français, de recevoir en 2019Dans le cas des hommes afro-descendants, le caractère menaçant et dangereux des corps noirs est constamment mis en avant pour justifier les violences policières commises à l’égard des Africains-Américains aux Etats-Unis. Un constat qui concerne également la Belgique, en témoigne le cas du meurtre policier de Lamine Bangoura, en mai 2018. Un témoin a filmé l’agonie de Lamine Bangoura. Dans le jugement, la chambre des mises en accusation a pourtant prononcé un non-lieu, estimant que les policiers ont fait « usage de la force nécessaire » face à une personne excitée à la force démultipliée et qui refusait son expulsion. Concernant les cris d’agonie perceptibles dans la vidéo d’un témoin ayant filmé la dernière heure de Lamine Bangoura, le jugement évoque des « rugissements »...