Racisme à l’Ecole : comprendre pour agir

White Savior

Dans l’imaginaire majoritaire, les populations non-blanches du Sud global continuent d’être perçues comme en attente ou en besoin d’être aidées. Ces imaginaires sont la continuité de la période coloniale et jouent un rôle dans la reproduction continue des inégalités et violences racistes aujourd’hui.

Rappel des balises à avoir en tête : 1/ ne jamais déconnecter le racisme de l’histoire qui l’a vu émerger, évoluer et s’adapter, 2/ l’école n’est pas une bulle située en dehors de la société, il importe donc de prendre en compte le contexte social pour analyser ce qui se passe à l’école, 3/ dans cette situation, il faut constamment se demander qui parle, de qui et depuis quelle position, et enfin 4/ il est essentiel de garder en tête les impacts du racisme sur les vécus, émotions et ressentis individuels.

Dans l’imaginaire majoritaire, les populations non-blanches du Sud global continuent d’être perçues comme en attente ou en besoin d’être aidées. Ces imaginaires sont la continuité de la période coloniale et jouent un rôle dans la reproduction continue des inégalités et violences racistes aujourd’hui.

Rappel des balises à avoir en tête : 1/ ne jamais déconnecter le racisme de l’histoire qui l’a vu émerger, évoluer et s’adapter, 2/ l’école n’est pas une bulle située en dehors de la société, il importe donc de prendre en compte le contexte social pour analyser ce qui se passe à l’école, 3/ dans cette situation, il faut constamment se demander qui parle, de qui et depuis quelle position, et enfin 4/ il est essentiel de garder en tête les impacts du racisme sur les vécus, émotions et ressentis individuels.

Situation

Dans le cadre d’une journée de sensibilisation à la coopération Nord – Sud, une élève afro-descendante se questionne sur les rôles des ONG et sur le fait que ce soient des Européens qui vont soigner et aider les populations du Sud puis repartent directement après : « Pourquoi ce sont ces personnes qui sont payées pour le faire, et pas les populations sur place ? ». Le formateur extérieur qui anime la journée lui répond en souriant que c’est comme ça : « Les populations du Nord sont plus développées et aident les populations du Sud, c’est normal d’aider ceux qui en ont besoin, en particulier les pays moins développés ».

Analyse de la situation

Pour justifier l’exploitation coloniale, l’objectif avancé était de civiliser les populations dites inférieures. Il s’agissait d’apporter la lumière et la connaissance à ces peuples vivant dans les ténèbres (voir imaginaires coloniaux). Les discours coloniaux se caractérisaient donc notamment par un profond paternalisme, de la condescendance et de la déshumanisation.

Cette infantilisation des populations Afro-descendantes est loin d’avoir disparu. Les imageries des campagnes d’ONG continuent souvent de véhiculer des images paternalistes, misérabilistes et déshumanisantes. Sur ces affiches et lors de ces campagnes, les véritables acteurs et actrices sont généralement les personnes blanches ! Ce sont elles qui observent, plaignent et demandent de l’aide pour ces pauvres populations.De nombreuses ONG se placent ainsi toujours en position de sauveurs et sauveuses blanches vis-à-vis de populations vues comme incapables de se prendre en charge et incapables de concevoir ce qui est bon pour elles et leur pays. Sur le plan individuel, cette posture prend notamment le nom de « white savior », ou « sauveur blanc ».

Un rapide coup d’œil à certaines affiches de propagande datant de la période coloniale nous montre à quel point les similitudes sont frappantes. En outre, lors de missions humanitaires, les expertises de personnes locales sont souvent laissées de côté. Ce sont les ONG européennes, très majoritairement composées de personnes blanches, payées pour ce qu’elles font, qui composent les organes décisionnels, qui prennent les décisions, qui disposent des budgets et qui ont droit à la parole. Qui parle à la place de qui ?

On peut aisément observer la continuité coloniale : il n’y a pas eu de rupture avec les imaginaires coloniaux ayant durablement et profondément pénétré les esprits et les structures sociales. Avec, en conséquence, une perception valorisante du « Blanc sauveur » et, à l’inverse, un renforcement des imaginaires misérabilistes, infantilisants et déshumanisants des populations noires.

Or, ces imaginaires ont des conséquences concrètes encore aujourd’hui en Belgique, notamment sur la perception générale qui prévaut encore à l’égard des populations afro-descendantes, avec des effets en termes de discriminations et de violences symboliques. Une étude récente démontre que les stéréotypes historiques à l’égard des personnes noires durant la période coloniale étaient encore largement partagés aujourd’hui.

Au niveau individuel, si l’on reprend la situation qui nous occupe, il est essentiel de prendre en compte l’ensemble de ce contexte historique et présent. Voir une affiche avec des enfants africains victimes de malnutrition et/ou qui met en scène un « sauveur blanc » entouré d’enfants noirs souriants n’est pas quelque chose d’anodin. Ces pratiques et imageries ne sont pas neutres : elles s’inscrivent dans une histoire et continuent de reproduire des schémas et imaginaires paternalistes et coloniaux, avec des conséquences concrètes aujourd’hui. Elles peuvent dès lors, dans le cas d’interactions individuelles à l’école, avoir des impacts violents sur les enfants qui s’identifient ou qui sont identifiés à ces corps.